40 ans plus tard, Laverne Cox redonne-t-elle un coup de fouet à The Rocky Horror Picture Show ?

40 ans plus tard, Laverne Cox redonne-t-elle un coup de fouet à The Rocky Horror Picture Show ?

Image :

©FOX

photo de profil

Par Marion Olité

Publié le

Événement télé de la semaine aux États-Unis, le remake du film culte The Rocky Horror Picture Show a été diffusé sur FOX, avec Laverne Cox en tête d’affiche. Verdict ? 

À voir aussi sur Konbini

Il fallait une bonne dose de courage (ou d’inconscience) pour imaginer un remake de cet ovni totalement culte qu’est The Rocky Horror Picture Show. Inscrite au panthéon de la pop culture US, la comédie d’horreur musicale de Jim Sharman met en scène les aventures décadentes de Janet et de son fiancé Brad, jeune couple coincos qui échoue un soir dans un manoir appartenant au Docteur Frank-N-Furter. Ce dernier est en fait un alien venu tout droit de la planète “Transsexual” (de la galaxie “Transylvania”, si, si). Il vient de donner naissance à une créature parfaite selon lui, le très blond et musclé Rocky Horror.

Cette parodie délirante des films de science-fiction et d’horreur, honnie par la critique à sa sortie en 1975, a atteint le statut d’objet culte au fil du temps, grâce à une bande-son glam rock inoubliable (dont le fameux “Time warp” ou “Sweet Transvestite”), à des répliques géniales (“It’s not easy having a good time“) et à ses personnages surréalistes au jeu volontairement exagéré, à commencer par Tim Curry, qui incarne le séduisant et psychotique Dr. Frank-N-Furter (clin d’oeil évident au Docteur Frankenstein de Mary Shelley).

Ode à la liberté (en particulier sexuelle), à la jouissance et à la différence, The Rocky Horror Picture Show a poursuivi sa vie sur grand écran, donnant lieu à des projections pour le moins agitées, où les fans dansent sur “Time Warp”, et balancent du riz, du PQ, de l’eau ou des hot-dogs aux moments adéquats du film. Certains ciné, comme le Studio Galante à Paris, projettent l’œuvre depuis plus de 30 ans !

En 1975, The Rocky Horror Picture Show et ses “sweet travestis” étaient subversifs et pouvaient choquer l’Américain moyen. Mais 40 ans plus tard, son remake, diffusé sur la FOX (une chaîne de network comparable à un TF1 chez nous), produit-il le même effet ? Pas vraiment, évidemment, dans un monde (en particulier les fictions télé) où la transgression est presque devenue une norme. Laverne Cox, qui reprend le rôle du fameux docteur, a fait la couverture du Time en 2014. Le choix est judicieux, mais pas surprenant outre mesure. Il est même carrément prévisible.

“It’s not easy having a good time”

En donnant une place aux acteurs et actrice noirs (Laverne Cox donc et Ben Vereen dans le rôle du Dr. Everett von Scott) et transgenres, cette nouvelle version se fait le reflet de notre époque plus tolérante, où la représentativité des minorités à la télévision a enfin gagné du terrain.

Le Rocky Horror nouvelle génération entérine le culte pour le film original, en ajoutant des scènes de mise en abyme où le public réagit à ce qu’il voit. Pour le reste, les chansons et les répliques sont respectées à la lettre, histoire de ne pas se mettre les puristes, cible privilégiée de ce remake, à dos. Ces derniers pourront se lancer dans un jeu des 7 erreurs entre l’objet de leur culte et sa copie. Tim Curry tue Eddie à coups de hache, quand Laverne Cox le poignarde et le balance du haut d’une fenêtre. Le remake ne reprend pas le fameux générique à la bouche rouge, mais joue avec de façon assez maligne. Tim Curry, le Doc original, est désormais narrateur…

Et Laverne Cox dans cette histoire ? L’actrice, révélée par son rôle de Sophia Burset dans Orange Is the New Black, a ici l’occasion de montrer une autre facette de son jeu. Si elle en impose par sa présence charismatique et ses costumes revus au goût du jour, elle semble hésiter parfois à aller à fond dans le grotesque, là où son prédécesseur, Tim Curry, ne se gênait pas et proposait de subtiles variations dans son jeu. Le fait d’avoir un homme travesti en femme apportait aussi quelque chose de plus étrange et fascinant, mais ça, elle n’y peut rien.

Si la performance de Laverne Cox est donc honorable, sans être transcendante, elle place ce nouveau Rocky Horror Picture Show sur une ligne plus glamour, alors que le mauvais goût assumé faisait tout le sel de l’original. Reste un divertissement toujours fun et gentiment dingue, qui vous fera passer une bonne soirée entre potes, surtout si vous êtes amateurs de parodies SF et horrifiques. Mais comme le dit l’adage, préférez toujours l’original à la copie.