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De Skins à Scrubs, 5 covers musicales cultes dans les séries

De Skins à Scrubs, 5 covers musicales cultes dans les séries

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Par Sophie Laroche

Publié le

Quand nos personnages préférés reprennent des morceaux emblématiques.

La musique dans une œuvre sérielle, c’est tout un art. D’abord, le générique donne le ton et passe souvent à la postérité au même titre que le show lui-même, à la manière de ceux de Friends ou de Game of Thrones. Il y a ensuite la sélection des titres utilisés pour rythmer chaque épisode. Un morceau bien placé peut décupler l’intensité émotionnelle et l’impact dramatique d’une scène. Trouver le bon n’est pas une mince affaire.

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Il arrive parfois que ces titres sortent de la bouche même des personnages qui les interprètent au milieu d’une séquence, de façon réaliste ou fantasmée. Ces mises en scène musicales sont souvent déroutantes, mais toujours efficaces, puisqu’on a tous au moins une scène de ce type ancrée dans notre mémoire. Ainsi, on a décidé de revenir sur cinq reprises, hommages ou parodies cultes qui ont marqué les sériephiles au cours des dernières années.

Skins – “Wild World” de Cat Stevens

À ses débuts en 2007, Skins enthousiasme le public et les critiques. Et pour cause, la série pour ados mise sur un réalisme novateur. Bien sûr, il était compliqué de s’identifier complètement à ce groupe d’amis, tant les situations étaient exagérées, mais le show britannique avait le mérite d’aborder des sujets peu explorés, qu’il s’agisse de sexualité, de troubles alimentaires, du deuil…

Pointilleux, les créateurs de Skins ont aussi misé sur la musique pour retranscrire l’ambiance d’une génération, en mettant en valeur les sons du moment. Ceux écoutés par la jeunesse de Bristol, notamment l’électro de Crystal Castle et l’indie rock de Foals, tous deux invités à se produire dans la série. Pour conclure la première saison, c’est le titre “Wild World” de Cat Stevens qui est choisi et interprété par Mike Bailey (Sid) et le cast de la série le temps d’une séquence complètement inattendue. Entre un chœur d’hommes à l’urinoir, l’intervention du chauffeur de bus en featuring et celle de Tony à moitié mort sur le trottoir, le résultat est étrange. D’autant plus que la série, qui avait marqué par son choix de titres contemporains, opte ici pour un morceau de 1970. Pourtant, cela fonctionne.

Il faut dire que ce morceau, interprété comme le récit du passage de l’enfance vers la vie d’adulte, mettant en garde contre un monde hostile, illustre parfaitement le changement qui s’opère chez les personnages. À la fin de la saison, chacun grandit pour le meilleur et pour le pire. Avant d’être percuté par un bus, Tony exprime ses sentiments à Michelle, lui qui refusait toute preuve de fidélité jusqu’à présent. Sid, quant à lui, rejoint Cassie à l’endroit où elle avait ultérieurement tenté de se suicider pour enterrer le passé et commencer leur histoire. Au final, ils finissent tous par prendre leurs responsabilités.

American Horror Story : Freak Show – “Life on Mars?” de David Bowie

Le temps de son Freak Show, le créateur d’American Horror Story, Ryan Murphy, a multiplié les performances musicales. Peu étonnant, vu son passif à la tête du show Glee. Ce qui l’est un peu plus, c’est le choix des morceaux. Lors du premier épisode de cette saison 4, Jessica Lange, qui interprète le personnage d’Elsa Mars, chanteuse allemande avide de gloire qui tient l’un des derniers freaks show des États-Unis, chante “Life on Mars?” de David Bowie devant une salle quasi vide. Comme le chanteur anglais dans son clip, elle arbore un ensemble et un maquillage bleus.

Ce qui frappe ici, c’est l’anachronisme de la scène. Alors que l’intrigue se déroule dans les années 1950, Elsa interprète un titre sorti en 1971, ajoutant un côté surréaliste au show qui n’en manque pourtant pas. Le choix du morceau n’est pas laissé au hasard. S’il rappelle d’abord le nom de notre protagoniste, il porte en lui d’autres intentions.

“Nous ne voulions pas qu’elle [Jessica Lange] et les autres acteurs interprètent des morceaux de cette période. On pensait que cela serait intéressant si la musique que nous utilisions n’était pas aléatoire. C’était très spécifique… Nous utilisions seulement des sons écrits par des artistes qui s’identifient comme ‘freaks'”, expliquait Ryan Murphy à Speakeasy.

Partant de ce postulat, le choix de David Bowie semblait donc évident. Surtout, le titre évoque l’histoire d’une jeune femme qui lutte pour échapper à la réalité décourageante du quotidien sur Terre. C’est par l’art qu’elle tente d’ouvrir ses perspectives. Or, elle tombe de haut à l’image d’Elsa Mars, qui rêve de paillettes et de gloire se battant pour conserver son freak show qui n’attire pourtant plus personne.

Unbreakable Kimmy Schmidt – “Hold up” de Beyoncé

Au début de la saison 3, l’illustre Titus Andromedon ne va pas bien du tout. Il est convaincu que son petit ami Mikey le trompe. Face à l’angoisse qui monte, il prend une décision. “Je fais ce que toute personne raisonnable ferait dans cette situation. Je Lemonade“, explique-t-il à Lillian. Vous l’aurez compris. Ici, Titus fait référence à l’album culte de Beyoncé, mais cela ne s’arrête pas là puisque le temps de trois séquences, il reprend à sa sauce les titres et les clips de “Hold Up”, “Sorry”, et “All Night”, extraits de l’album.

Ici, il ne s’agit pas vraiment d’une simple cover. Pour l’occasion, Tina Fey, créatrice de la série a réécrit toutes les paroles à la façon d’un Titus quand le compositeur Jeff Richmond s’est arrangé pour rendre hommage au morceau sans le copier. Pour l’équipe, l’idée n’était pas non plus de tomber dans la parodie. Tituss Burgess, l’interprète de Titus Andromedon, expliquait ainsi à Vanity Fair : “J’espère que les gens ne vont pas se perdre dans les rires sans comprendre que Titus est 100 % sérieux à propos de cela.”

La séquence la plus iconique est sûrement celle où Titus déambule dans les rues de New York en robe jaune et chaussures dorées, à l’image de Queen B dans le clip de “Hold Up”. Batte de baseball à la main, il s’attaque comme elle à une bouche d’incendie et à la voiture de son ex-petit ami Mikey, mais le rapprochement entre Titus et Queen B est plus profond.

À Business Insider, le co-créateur de la série Robert Carlock explique :

“Nous nous sommes demandé comment Titus encaisserait la situation. Il aurait exprimé la flamboyance de Beyoncé. Alors de la même façon que l’album visuel racontait une histoire, nous voulions l’utiliser comme cadre pour raconter le parcours similaire de Titus. Pour nous, c’était son histoire dans l’épisode et ça n’allait pas juste être une copie de Lemonade.”

Ainsi, le choix de “Hold Up” dans lequel Beyoncé essaye de comprendre où s’arrête la loyauté de son partenaire jusqu’à perdre ses esprits était le choix parfait pour exprimer la détresse de Titus.

Scrubs – “Waiting for My Real Life to Begin” de Colin Hay

Lors de l’épisode 13 de la saison 2, J. D. le jeune médecin rêveur et protagoniste de Scrubs apprend que sa patiente préférée, Elaine, est de retour à l’hôpital pour une transplantation cardiaque. Avant l’opération, ils se demandent tous deux si la mort implique réellement la fin de tout. Durant ces discussions, Elaine émet le vœu que la mort soit comme “une grande comédie musicale de Broadway” où “tout le monde serait bien habillé, chanterait et sortirait épanoui.” À la fin de l’épisode, Elaine décède sous le regard de J. D.

Comme à chaque fois que ses émotions le submergent, J. D. tombe alors dans l’une de ses rêveries. L’hôpital se transforme en grande scène de comédie musicale où tous les personnages interprètent ensemble une chanson pour accompagner Elaine dans son nouveau périple. Elle est alors la vedette du show, vêtue d’une magnifique robe rouge, à l’image de sa vision “rêvée” de la mort. Le choix de la chanson n’est pas laissé au hasard puisque son titre “Waiting for My Real Life to Begin” laisse supposer une réponse positive à la question qui taraudait les deux personnages. La mort n’est pas la fin et cette pensée laisse se dessiner un léger sourire sur le visage de J. D.

Cette scène illustre le génie de la série qui a pris le parti d’amener la comédie dans le cadre de l’hôpital, sans pour autant évincer la dureté du quotidien dans ce milieu. Ici, elle aborde la question de la mort avec subtilité et poésie, loin des scènes dramatiques et tire larmes auxquelles le petit écran nous a habitué.

Brooklyn Nine-Nine – “I Want It That Way” des Backstreet Boys

Un peu différente des précédents exemples, cette scène d’ouverture est sûrement la plus iconique de la série Brooklyn Nine-Nine. Ici, Jake Peralta accompagne une témoin derrière une vitre sans tain, afin que cette dernière identifie un meurtrier. Celle-ci n’ayant pas vu le visage du criminel, elle se rappelle seulement qu’il chantait “I Want It That Way” des Backstreet Boys. Pour l’identifier, Jake Peralta leur demande donc de chanter les uns après les autres une partie du tube du boys band américain.

Comme à l’accoutumée, le protagoniste juvénile, fan de karaoké et des années 1990, oublie un peu le cadre de sa fonction et s’emballe. Il part dans une reprise du morceau avec les potentiels meurtriers, jusqu’à ce que la témoin l’identifie. Jake exprime son enthousiasme à l’idée de chanter ce tube avant que celle-ci lui rappelle qu’il a tué son frère. Un moment de génie comique qui utilise le morceau pour contraster avec la dureté de la situation. Une séquence à se repasser en boucle pour conclure ce classement.