La folle histoire de cette scénariste de Grey’s Anatomy qui s’est inventé une maladie pour écrire ses scripts

La folle histoire de cette scénariste de Grey’s Anatomy qui s’est inventé une maladie pour écrire ses scripts

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Par Delphine Rivet

Publié le

On se prend déjà à rêver d’une future adaptation en série de la vie de cette potentielle serial menteuse, dans la veine d’Inventing Anna.

C’est un petit séisme dans l’industrie télé américaine et dans la presse spécialisée. En mars dernier, The Hollywood Reporter a révélé qu’une enquête était ouverte concernant Elisabeth Finch, scénariste travaillant sur Grey’s Anatomy, et qui a écrit des essais pour plusieurs publications. Elle est soupçonnée d’avoir menti, entre autres, sur son état de santé, qu’elle utilisait pour nourrir ses scripts sur la série médicale. Aujourd’hui, une investigation en deux parties menée par Vanity Fair (liens en fin de cet article) lève le voile sur cette incroyable histoire.

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En 2014, alors qu’elle était engagée sur Vampire Diaries, Elisabeth Finch révélait, dans un article pour le magazine Elle, son combat contre le cancer et le sexisme en médecine. Elle affirmait alors être atteinte d’une maladie rare affectant les os, le chondrosarcome, et racontait son parcours, entre séances de chimiothérapie, la perte de ses cheveux, d’un rein, les vomissements et un avortement alors qu’elle était en plein traitement. Son témoignage, puissant, avait marqué les esprits outre-Atlantique. Peu de temps après, elle était recrutée par Shondaland, la société de production créée par Shonda Rhimes, pour mettre sa plume au profit du vaisseau amiral Grey’s Anatomy, alors dans sa dixième saison.

L’un des premiers conseils donnés aux aspirant·e·s scénaristes, c’est d’écrire sur ce que l’on connaît. Elisabeth Finch a donc injecté une bonne partie de son histoire dans celle des toubibs du Seattle Grace Hospital (depuis devenu le Grey Sloan Memorial Hospital). L’expérience du réel est le meilleur additif que l’on puisse ajouter à son récit. Dans l’épisode 7 de la saison 15, la chirurgienne Catherine Avery, jouée par Debbie Allen, apprend qu’elle est atteinte d’un chondrosarcome.

Inventing Elisabeth

Les collègues d’Elisabeth Finch, qui la voyaient venir au bureau avec un foulard pour couvrir son crâne rendu chauve par la chimio, étaient évidemment admiratif·ve·s et la soutenaient autant que possible dans ces épreuves. Sa supérieure hiérarchique ne rechignait évidemment jamais à lui laisser poser des jours de congé pour aller à ces séances de traitement ou pour participer à des essais cliniques dans le Minnesota. Et son parcours de combattante ne s’arrêtait pas là. Contre toute attente, et malgré la chimio agressive, elle est tombée enceinte et a dû prendre la décision difficile d’interrompre cette grossesse. Elle a aussi dû se faire transplanter un rein.

Dans une enquête en deux parties menée par Vanity Fair, on apprend que toutes ces histoires n’étaient que mensonges. Ou, plus exactement, qu’elle s’était attribué un récit qui ne lui appartenait pas pour le régurgiter dans ses scénarios et recevoir l’attention, l’affection, et les louanges de son entourage. En effet, en février, au moment où Shonda Rhimes s’apprêtait à célébrer le lancement de sa première série pour Netflix, Inventing Anna, la showrunneuse a reçu un e-mail plutôt alarmant.

Une dénommée Jennifer Beyer, infirmière au Kansas, lui enjoignait de ne plus croire Elisabeth Finch. Les deux femmes, mariées en 2020, étaient en instance de divorce. L’historique médical et autres traumas racontés à longueur de scripts et de conversations par la scénariste appartenaient en fait à Jennifer Beyer.

Aujourd’hui, au regard des nouvelles révélations apportées par les investigations de Vanity Fair, Elisabeth Finch a été suspendue de ses fonctions et fait l’objet d’une enquête interne. L’histoire vertigineuse d’Elisabeth Finch et ses mensonges, rapportée par Vanity Fair et intitulée Scene Stealer: The True Lies of Elisabeth Finch, est à lire ici (première partie) et ici (seconde partie), en anglais.