Christmas Flow fait souffler un vent de fraîcheur sur la comédie romantique française

Christmas Flow fait souffler un vent de fraîcheur sur la comédie romantique française

Image :

©Netflix

photo de profil

Par Marion Olité

Publié le

Netflix lance la saison des fêtes de Noël avec cette rafraîchissante comédie romantique 100 % frenchie.

Ho ho ho ! Vous sentez venir la ribambelle de films et de séries de Noël plus ou moins indigestes venir des quatre coins des plateformes et des chaînes de télé ? Netflix, jamais la dernière pour exploiter les bons filons, nous a déjà proposé des comédies romantiques saturées de vert et de rouge les années précédentes.

À voir aussi sur Konbini

Certaines d’entre elles – comme l’Américaine Dash & Lily ou la Norvégienne Home for Christmas – sont sorties du lot de par leur modernité, leur concept ou une meilleure représentation de la diversité des personnages. Eh oui, jusqu’ici, l’amour (et le capitalisme) étaient très largement réservés à des personnages blancs (et hétéros, jusqu’à la pionnière Happiest Season sortie en… 2020). Genre plutôt conservateur, la comédie romantique est tranquillement en train d’effectuer sa mue. Et la très cool Christmas Flow participe au mouvement.

Le pitch avait tout pour nous attirer : imaginez plutôt la rencontre pleine d’étincelles entre Marcus (Tayc), un rappeur en pleine tentative de rédemption après avoir tenu des propos misogynes dans une chanson, et Lila (Shirine Boutella), une journaliste féministe qui a lancé avec ses deux BFF le média Les Simones sur les réseaux sociaux. Les deux se rencontrent par hasard à Konbini – je déconne, mais ça aurait pu ! –, ou plutôt dans une galerie marchande, et, un quiproquo après l’autre, ils ne vont plus se quitter.

Le genre de la comédie romantique est défini par certains ressorts narratifs et astuces qui mettent à rude épreuve notre fameuse “suspension d’incrédulité”*. En même temps, impossible d’y échapper, sans quoi vous ne regarderiez plus une seule rom-com. Pensez à Coup de foudre à Notting Hill ou Love Actually : il faut de l’humour, des obstacles (franchissables), des contrastes forts, des personnages secondaires déjantés, des moments un peu fous, des malentendus et des scènes romantiques, évidemment.

En trois épisodes ultra-maîtrisés (Marianne Levy, Henri Debeurme et Victor Rodenbach, les créateur·rice·s et scénaristes de la série, connaissent leurs classiques sur le bout des doigts), l’improbable romance se noue aux quatre coins d’un Paris hivernal, qui brille de mille guirlandes. On commence à y croire, et surtout, on rit fort.

Le cahier des charges est rempli avec une aisance déconcertante, et toujours avec cette touche de modernité et de pertinence sociétale qui manquent à trop de fictions de ce genre. En s’intéressant à des sujets contemporains – le monde du rap devenu mainstream ces dernières années, la nouvelle vague de jeunes femmes féministes enthousiastes et engagées sur les réseaux sociaux, la visibilisation des LGBTQ+ – et en plaçant au cœur de leur récit des personnages racisés, les scénaristes ouvrent le champ des possibles.

Sans que la question ne soit politisée (le genre ne s’y prête pas), on passe un épisode dans la famille blanche de Lila, puis dans celle, noire, de Marcus, où l’on sent la pression familiale s’intensifier. Les parents ont tout fait pour que leurs enfants aient toutes leurs chances de réussir dans une France encore raciste à bien des égards, et attendent donc beaucoup de leur progéniture. Et certainement pas qu’elle amène l’opprobre sur la famille, comme Marcus, visé par un procès pour propos misogynes dans ses textes de rap. La vie dans les quartiers – loin de la représentation anxiogène à laquelle nous a trop longtemps habitués la pop culture – où a grandi Marcus est aussi le théâtre de plusieurs scènes musicales et feel-good.  

© Netflix

Dans une comédie romantique, les personnages secondaires tiennent aussi une place importante. Et là encore, on est face à des personnages assez modernes, comme la petite sœur de Marcus, aspirante rappeuse qui n’a pas la langue dans sa poche, la copine lesbienne jouée par Aloïse Sauvage ou encore une influenceuse forcément too much incarnée par Camille Lou – et qui permet d’aborder des concepts encore peu connus du grand public, comme le feminist washing.

Côté mâles, en dehors du héros incarné par un Tayc parfait dans ce rôle, on reste dans des figures plus classiques de la rom-com, comme Zak (Walid Ben Mabrouk), le BFF masculin “cracra” de Marcus. Pensez Rhys Ifans dans Coup de foudre à Notting Hill. Une référence ciné évidente, les deux œuvres ayant notamment en commun de raconter un coup de cœur entre une célébrité et une personne anonyme.

Christmas Flow n’est pas exempte de quelques ratés : par exemple, y avait-il besoin de caser le fameux Zak avec Alice (Marion Séclin), la BFF féministe et canon de Lila ? Apparemment, dans une comédie romantique, tout le monde doit trouver l’amour. À part quelques légers bémols, les fans du genre passeront un bon moment. La série est rythmée par une bande-son entraînante, des personnages bien dessinés et attachants et des répliques mordantes qui font mouche. On se prend même à regretter que l’histoire se finisse en trois petits épisodes seulement. Vite, une suite pour Noël 2022 !

La première saison de Christmas Flow, composée de trois épisodes, est disponible sur Netflix depuis le 17 novembre.

* La suspension consentie d’incrédulité, c’est quand le spectateur accepte mentalement de “vivre” une fiction, met de côté le manque de réalisme d’une situation, choisit d’ignorer les incohérences ou astuces narratives propres à un genre fictionnel comme le thriller, la SF ou encore les rom-coms. C’est un pacte inconscient que l’on crée à chaque fois que l’on se plonge dans une œuvre.